De l’utilité des modes appropriés de règlement des conflits et surtout de tiers avocats bienveillants et compétents pour aider le(s) client(s) à se rendre Justice.
par Evelyne MEISSIREL
13-03-2017

De l’utilité des modes appropriés de règlement des conflits et surtout de tiers avocats bienveillants et compétents pour aider le(s) client(s) à se rendre Justice.

Quelqu’un a allumé une bougie dans notre monde de ténèbres. Ne vous plaignez pas de l’obscurité, suivez la lumière. T. Ramakrishnan

Certains magistrats sont mécontents de devoir traiter des affaires qui auraient pu l’être dans d’autres « espaces », soit par les parties elles-mêmes, soit par leurs conseils ou tout autre tiers.  Certains justiciables sont désabusés, ne croient plus en la Justice car ils ont l’impression d’être « trainés » devant les tribunaux et cours pendant des années.

C’est un constat. Nous devons évoluer et développer nos compétences pour satisfaire l’attente de nos clients et sauver notre profession.

J’ai rencontré beaucoup de compétences et de professionnalisme chez de nombreux confrères lors de négociations, de plaidoiries, d’arbitrages ou de médiations entrepris. Mais il m’est arrivé aussi de me retrouver face à un juge et de plaider une affaire qui, pour moi, n’avait pas de « sens ». Pire, les dégâts collatéraux de la procédure allaient être plus importants pour chacune des parties et ce, quel que soit la décision prise.

Alors, sans stigmatiser qui que ce soit, il est temps de réfléchir aux attentes explicites et implicites du client d'aujourd'hui et de distinguer celles qui sont « criées » par le Moi, l’égo blessé ou le Soi inconscient.

Les parties connaissent bien mieux que nous leur histoire et le contexte dans lequel le litige a pris cours. A ce titre, elles ont une compétence indéniable. D'un autre côté, si elles avaient réussi à régler leur différend, elles ne seraient pas devant nous. Alors que peut-on leur apporter ?

Vous le savez mais mieux vaut le redire et surtout prendre le temps de faire ce travail avec eux :

-une lecture, autre que juridique, plus fine, de leur conflit, à la fois systémique (globale) et plus individuelle,

-une analyse de la demande explicite ou implicite et des enjeux familiaux, commerciaux ou sociaux,

-un décryptage, parfois grâce à leur « ennemi », de leurs vrais besoins et intérêt, de ceux de l’autre et aussi ceux de l’entreprise ou de la famille,

-une prise de recul, sur les émotions (colère et peur…) ou les sentiments (de jalousie, de haine, d’égoïsme, d’injustice, de trahison, d’abandon…) exprimés ou non, véritable poison de l’égo, risquant d’obstruer leur juste appréciation de la situation,

-une stratégie d’intervention tenant compte du facteur humain, du temps et du coût, et de leur propension au risque,

-une intention de parvenir à un accord négocié, prenant leurs responsabilités tant vis à vis d’eux-mêmes et que de leur entourage.

Ce tiers avocat, qu’il soit conciliateur, négociateur, plaideur, arbitre, médiateur ou conseil en médiation ou en chambre de conciliation… doit avoir ces réflexes et mettre toutes ses compétences au service des clients.

Toutes les formations aux modes amiables de règlement des conflits (incluant des modules de lecture psychologique du conflit et de négociation intégrative) et les regards croisés magistrats et avocats au sein des permanences, ont renforcé les compétences des avocats en matière de compréhension du conflit et des moyens amiables de les régler.

Tant mieux car il y a des « justices » que les juges ne pourront rendre.

Conseiller un processus amiable et/ ou la procédure, dans un premier ou un second temps, peut avoir du sens.

Si avec ce travail effectué de conciliation à l’amiable ou tout autre mode comme la médiation, votre client souhaite aller en justice, à vous d’apprécier si vous l’accompagnez ou non. Votre client doit en tous cas avoir confiance dans votre capacité à le suivre jusqu’au bout. Telle une fleur, le client ne doit pas être forcé à s’ouvrir, au risque de le perdre… Il a sans doute de bonnes raisons d’avoir raison ou tort !